Éditorial politique de Kiki Kienge
« En politique, mieux vaut mourir en sainteté et en solitaire, que de survivre en union avec un possible diable ? »
Moise Katumbi président de la République, Denis Mukwege chef du Gouvernement ; ou Mukwege président et Katumbi commandeur du gouvernement et chef de la majorité parlementaire, voila les deux scénarios pouvant résulter d’une possible alliance entre les deux candidats à la prochaine présidentielle en RD Congo.
Selon un analyste de la politique Congolaise ; « l’annonce d’une alliance entre le prix Nobel Mukwege et Katumbi, mettrait en difficulté la stratégie du pouvoir, si cela est vrai, d’écarter Katumbi de la course, car cela augmenterait les chances de Mukwege contre Félix Tshisekedi. »
Toucher à ce thème d’envisager une possibilité d’un candidat unique de l’opposition, en ce moment de tensions politiques dues à l’approche des élections de décembre de cette année, c’est déjà s’attirer toutes les foudres de l’univers, subir toutes sortes de critiques et voir même recevoir d’insultes de la part de quelques fanatiques de l’un ou de l’autre rive politique.
Plus qu’un combat, la politique en RD Congo est l’art de la guerre dans le style Sun Tzu, Un combat de boxe sauvage dans la boue et sans gangs, où même les unions les plus improbables sont possibles, car poussées surtout pour des intérêts personnelles et souvent égoïstes, par manque d’éthique de nos politiciens et d’idéals dans la politique Congolaise.
« Qui ignore les objectifs stratégiques des autres princes ne peuvent conclure d’alliance », a dit Sun Tzu, qui je compléterais par ; « qui ne fait pas d’alliance en politique, n’est qu’une espèce en voie de disparition. »
Cet exercice journalistique, cherche à proposer une voie alternative d’expression libre dans un « état de droit », afin de permettre aux Congolais de se démarquer des habituels concepts idéologiques (pour dire, puisque n’existe presque pas d’idéal dans la politique Congolaise), où le Congolais lambda ne conçoit la politique que sur des bases tribales ou régionalistes.
Nombreux Congolais pensent avoir une idée claire et précise sur la politique, mais en réalité ils n’ont que des croyances préconçues, inconscientes de leur choix sur les élections.
Des choix qui devraient être raisonnés, matures et responsables, afin de permettre par leurs votes un changement radical tant voulu et attendu, cette volonté de changement initié par les pères de la Nation, Patrice Lumumba et Joseph Kasavubu il y a 63 ans.
Voilà qu’un débat serait utile et opportun afin de remettre en question nos idées préconçues et motivées que par un tribalisme imbibé de fanatisme destructeur pour le pays, pourquoi pas commencer par cet éditorial ?
Aujourd’hui, nous sommes tous conscient de la nécessité d’une nouvelle ère politique, une nouvelle manière de concevoir la politique, d’unité du peuple et de volonté de progrès, car le développement de la RD Congo, ne viendra jamais d’un indivudu qui qu’il soit, mais d’une prise de conscience populaire du citoyen Congolais.
Pour la première fois cette année en RD Congo, 24 candidats dont une femme, se sont enregistrés à la CENI (Commission électorale nationale indépendante) pour courir à l’élection présidentielle de 2023, déjà des orages se forment sur le pays annonçant des fortes tempêtes et ouragans d’ici à la fin de l’année.
Le défi que travers le monde politique Congolais, est de plus en plus complexe, un changement politique déjà à l’horizon qui devrait être bien géré par les politiciens Congolais, cela par une prise de conscience, d’une éthique républicaine et citoyenne, contrairement à ce que nous avons vécu depuis 63 ans.
Depuis l’indépendance du pays, le milieu politique Congolais a toujours été dominé par des clivages politiques partisans, dépourvus de toutes éthiques idéologiques, influencés par un tribalisme macabre, régionalisme, notamment dans quelques cas, d’un racisme et phobie de « l’étranger ».
Juste après l’accession à l’indépendance en 1960, nous avons vécu en RD Congo à la naissance de leaders et partis politiques, presque tous à connotations tribales et régionales : CONAKAT et BULUBAKAT dans le Katanga ; ABAKO et PSA pour les Nés Kongo ; MNC Lumumba et Kalonji, COAKA dans le Kasaï ; le PNP, PUNA, UNIMO Équateur ; CEREA Kivu et s’ensuit…
Pour après passer sous les 32 ans d’une dictature féroce, du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) du maréchal Mobutu, qui en réalité n’eu de révolution que l’aveuglement et l’abêtissement idéologique de la population Zaïroise.
Sous Laurent Désiré Kabila, le Congolais venait à peine de découvrir comment vivre réellement sans le MPR parti état.
Mzee désiré Kabila n’ayant pas eu de temps d’imprimer dans la mémoire collective des Congolais son idéal, le peuple dépassé par les événements se retrouva sous le règne de son fils, Joseph Désiré Kabila, dont la politique ne fut qu’un moyen et occasion de ses proches et de sa famille, de vite et facilement s’enrichir au détriment du peuple Congolais.
Bien que Joseph Kabila comme chef de l’État, ayant eu une certaine volonté de changement de mentalité et du système Congolais, malheureusement n’a su changé la réalité d’une mentalité déjà rouillée du citoyen Congolais. Peut-être dira-t-on, par faute d’avoir trop vécu loin du Congo, donc en difficulté de comprendre les codes de fonctionnement de l’Homme Congolais.
Joseph Kabila sous son règne, changea pour des motifs politiques en sa faveur le système électoral, le faisant passer de deux tours à un seul tour, chose qui complique encore plus les stratégies et surtout pousse dans des alliances politiques hasardeuses et souvent suicidaires des candidats de l’opposition.
Avec 24 candidats pour la présidentielle de cette année, la coalition au pouvoir ayant la gestion financière du pays, le contrôle des organes étatiques liés aux élections, qui regroupe au moins 500 partis politiques, se voit déjà en avantage sur les autres candidats de l’opposition, qui pour le moment avancent chacun de son côté en mode solitaire.
Quelques analystes, remarquent une facilité de certains candidats à s’enrôler à la présidentielle, car alors serait-il erroné de penser à une cabale du pouvoir afin d’avoir plus de candidats, chose qui serait en avantage de Félix Tshisekedi sur tous les autres dispersés ?
Essayons de diviser les 24 candidats à la présidentielle de 2023 en trois groupes, prenons les premiers groupes (rappelons que cette classification n’engage que l’auteur de l’éditorial, ne tente d’imposer cette dernière aux lecteurs et ne défini celle-ci comme la grille officielle de la CENI) :
PREMIER GROUPE :
- Denis Mukwege ;
- Moïse Katumbi ;
- Martin Fayulu ;
- Félix Tshisekedi
DEUXIÈME GROUPE :
- Delly Sesanga ;
- Matata Mponyo ;
- Adolph Muzito.
TROISIÈME GROUPE :
- reste des candidats.
Par cette classification, nous pouvons conclure qu’une non-union, surtout des deux premiers groupes, ne jouera qu’en avantage du candidat du pouvoir, Félix Tshisekedi.
Envisager une union des trois candidats du premier groupe, veut dire Fayulu, Katumbi et Mukwege, est une équation très difficile et presque pas envisageable, pourquoi ?
Pour les deux derniers Katumbi et Mukwege, une alliance ne serait pas impossible, mais peut-être réaliste et faisable politiquement, nous le verrons un peu plus bas dans l’éditorial.
Martin Fayulu avec les deux autres, même avec un seul des deux ; serait une union difficile à réaliser, puisque ce dernier avec sa décision de ne pas présenter des candidats députés pour son parti et coalitions, ne lui reste qu’à miser le tout que sur la présidence, afin d’espérer de gérer le pays après 2023.
Chose qui oblige Martin Fayulu à ne pas accepter une union où il doit soutenir un autre candidat, sinon d’être lui le candidat en tête, au risque de ne plus peser dans le futur pouvoir et de n’être que le valet de son probable allié qui aura la majorité parlementaire et la présidence.
La dernière sortie médiatique de Martin Fayulu, ne confirme que l’analyse de l’éditorial ;
« le candidat commun c’est Martin Fayulu. Il a été désigné par le peuple congolais. On a volé à ce peuple sa victoire et ce peuple doit recouvrer sa victoire cette fois-ci. Il n’y a pas à transiger. Si les gens veulent venir et qu’on se mette autour d’une table, qu’on discute, je suis d’accord. Dites-moi, de tous les candidats que vous avez, sur le plan moral, éthique, qui peut dire que moi je lève le doigt et je suis le premier ? Je peux dire Dr. Mukwege c’est un bon candidat. Sur les plans professionnel, compétences, maîtrise des questions du pays (politiques, économiques, sociales, sécuritaires) qui peut lever le doigt et dire que je bats Fayulu ? Dites-le moi. »
Pour le cas d’une alliance entre Denis Mukwege et Moïse Katumbi, avec un peu d’humilité et moins d’ego, si possible appuyés des candidats du second groupe, comme Matata et Sesanga, un ticket entre les deux serait plus qu’envisageable, mais aussi réaliste et envisageable.
Moise Katumbi avec son parti politique bien implanté dans le pays, Ensemble pour la République, sa forte et croissante popularité, ayant une large avance sur l’est du pays, avec ses centaines de candidats députés.
Outre à la possibilité de devenir président de la République, peut aisément prétendre à obtenir une majorité parlementaire dans des élections libres et justes, ainsi être d’une manière ou autres, le décideur du prochain pouvoir.
Denis Mukwege de sa part, dont la candidature a fait bouger toutes les lignes politiques et même bousculer les stratégies du pouvoir en place, mais son handicap est de ne pas posséder d’assise politique dans le pays, car n’étant pas politicien et n’ayant de parti politique.
Soutenu par seulement une seule plate-forme électorale, qui n’est une des majeures, ne peut que miser sur la présidence, de facto une coalition avec Moïse Katumbi serait plus réaliste qu’avec Martin Fayulu, qui ne peut lui offrir une aisance parlementaire et ne prétend que comme lui qu’à être président de la République par manque de candidats députés.
Pour rien, on voit les sorties médiatiques des cadres de l’union Sacrée, plate-forme qui soutient Félix Tshisekedi, comme par exemple le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya qui ne se spécialise que dans des coups bas, spécialement que contre Moïse Katumbi et Denis Mukwege :
« Aucun leader de la province Orientale si on reste dans l’ancienne configuration soutient Mr Katumbi ou Mr le réparateur, Mukwege. » Augustin Kabuya.
Une alliance entre Moïse Katumbi et Martin Fayulu, serait encore plus difficile à envisager, car pour Katumbi quoi de plus qu’une certaine popularité, lui apporterait Fayulu s’il n’a de possibilité d’avoir des députés ?
En plus, Moïse Katumbi serait-il encore une autre fois disponible à soutenir Martin Fayulu après les élections de 2018, quand le pouvoir de Joseph Kabila l’avait exclu de la course présidentielle ?
Voilà le pourquoi de l’interrogation dans le titre de notre éditorial ; « et pourquoi pas aussi Fayulu ? »
Mais dans le monde politique de la RD Congo, l’ego des individus politiques, la quête du pouvoir et les intérêts personnels ont toujours eu le dessus sur leurs stratégies politiques.
Le cas aux dernières élections de 2018, où la coalition de l’opposition est partie en lambeau, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, « auraient flirté » en dernier minute depuis la ville Suisse de Genève avec l’ancien régime de Joseph Kabila, pour une entente sur la proclamation manipulée des résultats finale des élections de 2028.
Si on considérait les déclarations de certains proches de Joseph Kabila, comme Corneille Nangaa l’ex-président de la CENI en 2018, ou le général John Numbi, qui parlent d’une entente politique mesquine en 2028, entre les deux la coalition CACH de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe et le pouvoir.
« Autant nous lui avons donné le pouvoir autant nous sommes capables de le lui reprendre… seul le fabricant du monstre est capable de le réduire. » Avait déclaré John Numbi dans une vidéo de sa dernière sortie médiatique.
Une union Denis Mukwege avec Moïse Katumbi, serait-elle la solution pour battre Félix Tshisekedi ?
Faudrait une humilité et sens de responsabilité de la part des deux candidats, s’ils veulent faire tombé légitimement le régime de Félix Tshisekedi, à leurs stratèges politiques de s’y mettre pour affronter sereinement décembre 2023.