Par Kiki Kienge
La RD Congo est un des pays les plus riches du monde en ressources naturelles, le potentiel hydroélectrique national est estimé à environ 110 000 MW, ce qui correspondait à 13% du potentiel mondial ou 66% du potentiel de l’Afrique centrale, jusqu’en 2019.
Mais en même temps par manque d’organisation des institutions, le pays qui possède des ressources naturelles pouvons produire de l’électricité jusqu’à pouvoir fournir l’Europe, souffre d’un déficit sérieux en énergie électrique.
L’offre énergétique du pays ne représente que moins 3% du potentiel hydroélectrique et le pays est exposé à un déficit énergétique chronique, ne fonctionnant que par délestage (coupures d’électricité localisées, temporaires et réparties sur le territoire), le comble.
En 2020, seulement 19 % des Congolais avaient accès à l’électricité, en dehors des grandes villes, ce nombre passe à moins de 4 %, soit moins d’une personne sur 20, chose qui entrave sérieusement le développement de ce pays.
Les projets de construction du barrage Inga datent de l’époque coloniale, précisément en 1925.
Présentés par le colonel Pierre Van Deuren au Roi des Belges Albert Ier, mais la crise de 1929 avec la Grande dépression, puis la Seconde Guerre mondiale ont bloqué la réalisation du projet, relancé à la fin de l’époque coloniale, en 1958, il fut bloqué par l’indépendance du pays.
En 1967, l’esprit de grandeur de l’ex-Président Mobutu l’a poussé à prendre la décision de construire la première centrale hydroélectrique dénommée Inga I à Matadi à 250 kilomètres de Kinshasa, avec 351 MW, Inga I est entré en service en 1972. Puis plus tard, Mobutu réalisa Inga II avec 1 424 MW, qui est entré en service en 1982.
À son tour le Président Joseph Kabila, a ensuite décidé de poursuivre le développement de ce site d’Inga, réalisant ainsi Inga III à Inga VIII.
Le 16 octobre 2018, le gouvernement sous le régime de Joseph Kabila avait signé un accord de développement exclusif du projet Inga III avec un consortium sino-espagnol, dont la Three Gorges Corporation société chinoise et ProInga, dirigé par la filiale Cobra du groupe de BTP espagnol ACS de Florentino Pérez président du Real Madrid, pour le développement d’Inga III de 11.000 MW, pour un coût est estimé à 14 milliards $US.
Suite aux mésententes entre les partenaires du consortium sino-espagnol, les Espagnols d’ACS se retirèrent du projet, laissant les Chinois et un autre partenaire espagnol, AEE Power, demeuré dans le consortium, ils n’ont pas su réaliser les études de faisabilité promises sur le projet Inga III, notamment par manque de financement.
En 2020 ayant arraché la majorité parlementaire à Joseph Kabila et soutenu par les américains, Félix Tshisekedi retira l’exclusivité sur le projet Inga III aux chinois de la Three Gorges Corporation, pour jeter son dévolu en 2021 sur le groupe Fortescue du milliardaire australien et deuxième personnalité le plus riche de l’Australie, Andrew Forrest qui a fait fortune dans le fer.
Pour le projet d’extension du barrage hydroélectrique du Grand Inga, les australiens de Fortescue devraient investir une somme de 80 milliards $US pour une capacité de 42.000 mégawatts et créer au moins 100.000 postes d’emplois directs en RD Congo.
« J’ai trouvé un consortium qui n’en était pas un, un projet était mort. Depuis deux ans et demi que je suis là, je n’ai jamais vu de concret, d’aussi prometteur que le dossier nous a été présenté par Andrew Forrest. C’est pour la première fois, je vois un investisseur sérieux, sérieux par rapport à sa taille, sa capacité financière mais également sérieux par le projet qu’il propose, qu’il compte développer dans notre pays, sérieux parce non seulement qu’il rentre dans le contexte actuel de transition énergétique mais aussi il est porteur de beaucoup de bénéfices pour la république, pour ses habitants et pour sa jeunesse. Nous, en tant que l’État, notre devoir est celui de l’encourager et mettre à sa disposition tout le contexte nécessaire à cette fin », avait déclaré Félix Tshisekedi devant la presse en juin 2021.
Mais voilà depuis son retour de sa visite historique en Chine, où il a été reçu par son homologue le président Xi Jinping, Félix Tshisekedi vient de changer de position, plaidant maintenant pour redonner l’exclusivité du projet Inga III aux Chinois de Three Gorges, a qui il avait retiré en 2021 par manque de réalisation, le cédant au groupe de Fortescue d’Andrew Forrest, qui risque d’être à son tour victime du même ludisme de la RD Congo, comme pour ses compatriotes d’AVZ MINERALS sur le lithium de Manono.
En 2020 et 2021, Félix Tshisekedi semblait avoir embrassé la cause des Occidentaux avec en tête les Américains, dans la guerre avec les Chinois sur le monopole des ressources de la RD Congo, sur Inga III, sur le lithium de Manono octroyant même le permis d’exploitation à DATCHOM chapeauté par les Australiens d’AVZ, notamment sur le projet de développement des batteries.
Mais voilà depuis un moment, les australiens de Fortescue et d’AVZ semblent ne plus être du palais gustatif du chef de l’État congolais, le chef de l’État congolais aurait demandé à son gouvernement de favoriser un retour sur la concession de l’exclusivité, non seulement d’Inga III, mais de la totalité de l’extension du projet Inga aux Chinois de Three Gorges.