Par Kiki Kienge
L’exploitation artisanale des mines en République Démocratique du Congo n’a jamais été bien régulée et reste un marché noir que les autorités de la RD Congo ont toujours toléré pour leurs intérêts ou pour éviter d’énerver le pauvre peuple qui croupit dans la misère malgré les richesses de leur sol et sous-sol.
Selon quelques statistiques, l’exploitation artisanale peut atteindre 30% de toute l’exploitation du pays dans le secteur du cobalt, de l’or ou des minerais stratégiques, le pourcentage serait encore trop élevé, vu la situation d’insécurité qui se vit dans les zones d’exploitation de ces minerais, comme le grand Kivu ou les provinces du grand Est.
EGC Entreprise Générale du Cobalt SA
En 2019 dès son arrivée au pouvoir, le chef de l’État Félix Tshisekedi, avec Albert Yuma Mulimi comme patron de la Gécamines (Générale des carrières et des Mines), avait pris une décision pour la création d’une entreprise qui devra contrôler et gérer le cobalt exploité par des creuseurs artisanaux du Grand Katanga, la EGC.
Avec une estimation de plus ou moins 200.000 creuseurs dans le Grand Katanga, estimé entre 30 000 tonnes par an de production du cobalt, un marché évalué en milliards $US. La EGC aura le monopole en RD Congo sur l’approvisionnement en cobalt provenant d’opérations minières artisanales, le traitement, l’exportation et probablement la commercialisation du produit fini directement aux utilisateurs, contrairement à ce qui se fait dans les joint-ventures avec la Gécamines.
L’Entreprise Générale du cobalt, est une société dont la Gécamines possède 95% des parts et les 5% restants appartenant à l’État Congolais, donc une société à 100% Congolaise.
L’EGC a conclu un accord commercial avec Trafigura sans céder à ce dernier aucun pourcentage des parts dans ECG, une collaboration financière et technique que doit apporter Trafigura par son expertise, son portefeuille et son carnet d’adresses à la nouvelle entreprise Congolaise.
Trasfigura doit octroyer à la EGC un financement pour la création de zones minières artisanales strictement contrôlées, l’installation de stations d’achat, paiements informatisés de minerai et les coûts liés à la livraison transparente et traçable d’hydroxyde de cobalt, en compensation de ce financement, Trafigura sera rémunéré sur base des exportations d’hydroxyde de cobalt de la EGC.
« L’Entreprise Générale du Cobalt, est une filiale à 95% de Gécamines et à 5% du gouvernement à travers le ministère du portefeuille. Trafigura n’est qu’un partenaire financier et commercial, c’est-à-dire que Trafigura nous prête l’argent pour démarrer et structurer les activités et nous le remuerons pour trouver des clients pour EGC, mais le vendeur de cobalt ça sera EGC, qui décidera parmi les 4 ou 5 clients de cobalt (…) C’est EGC qui dira, je suis d’accord, mais à telle telle telle condition, et le produit de cette exportation ? Reviendra sans pour 100 au Congo. C’est ça la grosse différence. » Avait déclaré, Albert Yuma dans une interview sur la EGC.
En parallèle avec l’EGC, l’État a créé ARECOMS, l’autorité de régulation des minerais stratégiques, c’est elle qui doit veiller afin que soit respecté le monopole concédé à la EGC, notamment aider l’État Congolais a contrôler le volume produit, l’exportation et déterminer les prix de vente au final sur le marché mondial.
Trafigura pourra commercialiser le produit fini avec tous les clients, excepter les acheteurs Chinois, seule la EGC aura ce monopole de la vente en Chine et aux sociétés Chinoises de son cobalt.
La EGC n’a reçu aucune faveur contrairement à Primera GOLD et Primera METALS, comme par exemple pour le taux d’imposition de 0,25 % sur l’or et de 3,5% sur les 3T pendant 25 ans.
Primera GOLD et Primera METALS
Ils sont les deux joint-ventures entre le groupe Émirati, Primera GROUP et le gouvernement Congolais, dont la répartition des parts est ; 55% pour les Arabes et 45% pour la RD Congo.
Comme pour Trafigura avec la EGC, Primera Group à apporter un financement de 1 milliard $US et devront réaliser presque les mêmes services demandés à Trasfigura par la EGC ;
« création de zones minières artisanales strictement contrôlées, l’installation de stations d’achat, paiements informatisés de minerai et les coûts liés à la livraison transparente et traçable. »
Mais contrairement à Trafigura qui doit être rémunéré selon les conditions de l’EGC et sur les coûts liés à la livraison, les Arabes eux avec leur financement ont déjà obtenu 55% des parts des deux Primera GOLD/METALS, deviennent propriétaires majoritaires de l’or et des 3T une fois achetés aux creuseurs, se chargent de l’exportation, du raffinage et de la vente à l’étranger. Plus encore pendant 25 ans, leur minerais ne sera taxé que de 0,25 % sur l’or et de 3,5% sur les 3T, pour ne pas parler du minerai qui pourrait être trouvé après raffinage à l’étranger.
Car alors, pourquoi ne pas avoir appliqué la même recette du cobalt artisanal de la EGC sur l’or et les 3T artisanaux de Primera GOLD et Primera METALS, ainsi la RD Congo resterait propriétaire de ses richesses à 100% ?