Si la Chine contrôlait le lithium Congolais au détriment des Australiens, un danger pour le projet batteries RDC-USA-Zambie ?

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Par Kiki Kienge 

Désormais en RD Congo c’est une guerre pour le contrôle du lithium de Manono dans la province du Tanganyika, entre les Australiens d’AVZ Minerals et le groupe Chinois JIZIN. 

Le projet du lithium de Manono ne date pas d’aujourd’hui, depuis 2013 deux groupes aux capitaux étrangers ont tenté de le mettre en marche, mais le projet est toujours resté au point mort jusqu’en 2017. 

MMCS

En 2013, le groupe MMCS de droit Mauricien avec la COMINIERE ( La Congolaise d’exploitation minière) une société commerciale de l’État Congolais, ont créé un joint-venture dénommée MANOMIN, où la société de l’Île Maurice a presque reçu 68% de l’État Congolais avec conditions de ramener des fonds pour la réalisation d’une étude de faisabilité sur le lithium de Manono. Les 32% restants des parts de MANOMIN, étaient de la COMINIERE. Trois ans après, MMCS malgré les 68% n’a jamais pu ramener les capitaux nécessaires pour les études de faisabilité ni pour les premiers travaux sur le site, l’État Congolais mit fin à cette collaboration annulant le permis  12202. 

DATHOMIR

En 2016, un autre joint-venture, DATHCOM fût créé entre la COMINIERE et le groupe DATHOMIR du Chinois Simon Cong, presque sur les mêmes bases que MANOMIN, 70% pour DATHOMIR et 30% pour la COMINIERE, qui après devra céder 5% au groupe de Simon Cong. 

AVZ MINERALS

En 2017, DATHOMIR en difficulté de prélever des fonds pour le projet, fera recours aux Australiens d’AVZ Minerals qui rachèteront 60% des parts de DATCOM à DATHOMIR. Les Australiens enfin parvinrent a relancer le projet du lithium ramenant des fonds, cinq ans après a réaliser même l’étude de faisabilité qui va valoriser le lithium Congolais sur le marché international des minerais. 

En 2022, le permis de recherche 13359 de DATHCOM fût transformé en permis d’exploitation 13359 par le ministère des Mines, mais étrangement bloqué au Cadastre Minier (CAMI). Coup de théâtre, en janvier 2023 le même ministère des Mines, annule le permis d’exploitation 13359 suite aux accusations de la COMINIERE contre le groupe AVZ Minerals dans la gestion de la coentreprise, DATCOM. 

Entre-temps c’est toute une série d’actions judiciaires qui se déroule dans DATHCOM ; MMCS contre la COMINIERE pour les 5% et AVZ avec DATHCOM sur les 15% des parts. 

LA CHINE

Voilà que les Chinois s’invitent aussi dans la danse du lithium avec le groupe ZIJIN, un des géants miniers de la Chine. ZIJIN va acheter 15% à la COMINIERE, vente qui sera jugé après non conforme aux lois de la RD Congo par l’Inspection Générale des Finances (IGF) dans son rapport sur la COMINIERE. Le groupe Chinois, ZIJIN ne voulant pas dire le dernier mot, avait proposé la rétrocession des 15% en contrepartie de la zone Sud du permis 13359. Rappelons que le décret ministériel qui avait annulé le permis d’exploitation 13359, avait notamment réuni les deux zones, Sud et Nord du permis.

Jusqu’à nos jours, l’exploitation du lithium de Manono reste bloquée, rien n’évolue sinon des tractations entre les Australiens et l’État Congolais. Nombreux analystes du secteur, parlent même d’une main jaune qui tenterait d’éclabousser les Australiens d’AVZ Minerals du projet lithium de Manono, au profit d’un lobby Chinois qui ne jure que sur le contrôle total d’un des plus grands gisements de lithium au monde. 

USA/ZAMBIE/RDC BATTERIES

La RD Congo de sa part s’est déjà investi dans un gigantesque projet sur la valorisation de ses minerais, notamment du lithium et cobalt avec la Zambie voisine et les États-Unis pour la fabrication des batteries lithium-ion. Une zone économique Spéciale (ZES) doit voir le jour dans le Haut Katanga sur ce projet, dont le lancement des travaux de l’étude de préfaisabilité ont été lancés ce 27 avril 2023 par le ministre de l’Industrie, Julien Paluku avec des représentants des provinces concernées par le projet de fabrication des batteries lithium-ion.

Dans le méga projet des batteries au lithium-ion avec les Américains et les Zambiens, le Congo est presque l’acteur principal puisque possédant outre au cobalt et cuivre, le lithium à Manono dont l’exploitation devrait commencer cette année en 2023 par les Australiens d’AVZ Minerals actionnaire majoritaire dans DATHCOM, s’il n’y avait eu la saga sur le permis d’exploitation par le cadastre et la ministre des Mines.

Les États-Unis qui tiennent des bonnes relations commerciales avec l’Australie, ont adopté avec l’administration Biden une stratégie pour tenter de rééquilibrer le contrôle des ressources en Afrique majoritairement détenu par la Chine. Ne cessent de signer des protocoles d’accords avec la RD Congo, notamment sur la chaîne de valeur des batteries de véhicules électriques au lithium. 

Ce n’est plus un secret que les États-Unis et la Chine sont en guerre pour le contrôle des ressources mondiales, une position très importante pour une suprématie économique et géopolitique dans le monde entre les deux géants. En RD Congo, le pays de Mao Zedong contrôlerait au moins 60% des minerais et ne cache plus ses ambitions pour s’accaparer totalement du lithium Congolais. 

« A l’extrême, la fin, c’est-à-dire la réalisation même du projet, s’efface devant les moyens : la fin justifie les moyens et tous les moyens sont bons, c’est la réussite à tout prix, sans scrupule, voire au dépens d’autrui ». Aurait dit André Comte-Sponville

Trois questions seraient à se poser sur cette réalité du lithium Congolais et la guerre économique entre les États-Unis et la Chine : 

  • Imaginons l’hypothèse où la Chine par quelques tours de magie, parvenait à mettre la main sur le lithium Congolais, quelle serait l’orientation du méga projet sur la chaîne de valeur des batteries au lithium avec les États-Unis ? 
  • La Chine qui est notamment le premier producteur des batteries au monde, chose qu’elle veut maintenir à tout prix. Cette Chine qui a toujours eu une stratégie d’envoyer les matières brutes ou presque chez elle, va-t-elle accepter la transformation du minerai du lithium sur place en RD Congo que chez elle en Chine, jusqu’au produit final qui sera utilisé dans les batteries ? 
  • Que feront les autorités Congolaises, négocier avec les Australiens pour l’exploitation du lithium ou céder le lithium de Manono aux Chinois et remettre en question le méga projet sur la chaîne de valeur des batteries avec les Américains ?

Rappelons que dans la troisième question, s’il s’avérait que les autorités Congolaises cèdent à l’appétit vorace des Chinois pour le lithium de Manono, s’ensuivrait des poursuites judiciaires interminables contre la RD Congo qui risque pas seulement de perdre beaucoup d’argent, mais notamment de retarder encore plus l’exploitation de son lithium, remettant ainsi en cause le développement du Tanganyika et les nombreux emplois attendus par la population de Manono.

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