Par Kiki Kienge
C’est dans un communiqué de son porte-parole, que l’armée ougandaise a donné des précisions sur le rôle de sa présence à l’Est de la RD Congo dans le cadre de la Force Régionale de l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est), composée de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda, du Rwanda, du Soudan du Sud, de la Tanzanie, du Kenya et du Burundi.
« dans cet effort, nous n’allons pas « combattre », « lutter », etc, contre le M-23. »
Pour rappel, l’armée ougandaise est présente en RD Congo sur deux fronts, le premier invité en 2021 par le gouvernement congolais afin de combattre les rebelles ougandais, les ADF (Forces Démocratique Alliées). Un des groupes armés les plus meurtriers en Afrique, qui opère à l’Est de la RD Congo dans le Nord-Kivu.
Le deuxième front est celui dans le cadre de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), où depuis ce mois de mars l’armée ougandaise s’est déployée, ainsi complétant la liste avec les troupes du Kenya et du Burundi membres de l’EAC déjà présents sur le sol congolais.
« Nos troupes iront à Bunagana, Rutshuru, Mabenga et Kiwanja », avait déclaré le colonel Mike Walaka Hyeroba de l’armée ougandaise.
Dans les annonces du gouvernement congolais, la mission de la force Régionale de l’EAC était offensive contre les rebelles du M23, déclaration contredite par l’armée ougandaise hier et avant notamment par le Kenya, le Burundi et même l’EAC, qui parlent d’une mission défensive.
Le porte-parole de l’armée ougandaise confirme notamment dans son communiqué, les pourparlers en cours entre le gouvernement congolais et les terroristes du M23, chose que Kinshasa n’a jamais signifié, bien au contraire a toujours déclaré ne jamais avoir des négociations directes avec le groupe rebelle du 23 mars.
« Entre-temps, les pourparlers de paix entre le M-23 et le gouvernement congolais se sont poursuivis et devraient se poursuivent afin que le problème soit traité sur le plan politique. »
Communiqué de l’armée ougandaise :
À cette occasion, je tiens à clarifier, pour les Ougandais et aux étrangers, le déploiement de nos troupes au Congo. L’année dernière, nous avons déployé nos troupes, avec l’autorisation du gouvernement congolais au Congo, pour combattre les terroristes de l’ADF dans les régions de Beni, du parc national des Virunga (Biruunga), de Semuliki, de Mbooga et des régions de l’Ituri. Avec nos frères et sœurs congolais, nous avons sérieusement dégradé les ADF, à tel point que la plupart d’entre eux, les restes, courent vers les régions de Mambasa-Komanda, assez loin de la frontière. Les agriculteurs congolais ont pu récolter leur cacao pour la première fois depuis de nombreuses années. La paix règne là où nous avons opéré. Notre action dans cette région porte le nom de code « Opération Shujaa » (Opn Brave).
Dans le cadre d’un effort distinct, le commandant des forces terrestres, hier, le 29 mars, dans la région de Kisoro, a donné le coup d’envoi d’une force que nous avons fournie à l’Est qui a pour mandat d’aider les Congolais à stabiliser cette partie du Congo : la région de Rutshuru-Goma, où l’un des groupes, connu sous le nom de M-23, opère contre le gouvernement congolais.
Cependant, contrairement à ce que j’ai vu sur Al-Jazeera, Daily Vision et d’autres, dans cet effort, nous n’allons pas « combattre », « lutter », etc, contre le M-23. Le gouvernement congolais et le M-23 se sont mis d’accord sur un plan de paix, qui implique : la cessation des hostilités (combats), le retrait du M-23 de certaines des zones qu’ils avaient occupées vers d’autres zones qui ont été convenues, etc.
Entre-temps, les pourparlers de paix entre le M-23 et le gouvernement congolais se sont poursuivis et devraient se poursuivent afin que le problème soit traité sur le plan politique. Notre mission initiale est donc d’occuper certaines des positions que le M-23 a cédées à l’East African Force en tant que force neutre, au lieu de l’armée congolaise que le M-23 considère comme des ennemis ou des opposants armés dans leur politique interne. Nous allons donc dans la région de Bunagana-Rutshuru, non pas pour combattre le M-23, mais pour agir en tant que force neutre, pendant que les Congolais mettent à profit ce temps pour régler leurs problèmes politiques. Si nous ne sommes pas attaqués, nous ne sommes pas là pour nous battre. Les combats pourront avoir lieu plus tard si l’un des groupes armés non étatiques n’accepte pas la paix ce que nous considérons tous comme des conditions raisonnables.
L’Autorité de l’Afrique de l’Est (les chefs d’État), nous mandaterait pour combattre si l’une des parties prenantes refuse de mettre en œuvre l’accord de paix que nous avons convenu.
Ce n’est toutefois pas le cas actuellement. L’UPDF est en train de combattre d’autres terroristes dans une autre partie du Congo, comme expliqué ci-dessus.
Signé, Gen (rtd). 30 mars 2023