Par Kiki Kienge
« La loyauté dans son pays n’est innée ni dans le sang, mais dans la peur de l’application stricte de la loi. Sans une véritable justice, on ne vivra que dans la traîtrise du Congo même des enfants de père et de mère. »
C’est une proposition de loi qui similaire à l’Ivoirité, un concept initié sous Laurent Gbagbo encore chef de l’opposition de gauche, originaire d’une région où se regroupait la masse des peuples « véritablement autochtones, afin d’exclure de toute consultation les Burkinabè (ex « Voltaïques »), auxquels Houphouët-Boigny avait accordé le droit de vote en Côte-d’Ivoire.
Arrivé est pouvoir, le régime de Laurent Gbagbo par un forcing de sa majorité, en décembre 1994 fait adopter une loi par l’Assemblée nationale un nouveau code retirant le droit de vote aux « non-Ivoiriens » d’origine. Cette loi souleva la question de la définition de qui est véritablement Ivoirien ?
En réalité l’Ivoirité n’était comme le prétendaient quelques politiciens proches de Gbagbo de rassurer la loyauté des citoyens envers la Côte d’Ivoire, mais purement politique et politicienne afin d’exclure des candidats gênant à son pouvoir qu’il voulait éternel, comme Alassane Ouattara le nouveau Raïs du pays.
Avec cette obsession obsession des origines politisée, l’Ivoirité divisa et brûla le pays, ainsi commença la descente aux enfers de la Côte d’Ivoire.
» Le 20 août 1935, le ministre de l’Économie, Hjalmar Schacht, organise une réunion afin de mettre en place un dispositif de lois antisémites qui puisse substituer un cadre juridique discriminant aux violences individuelles et aux initiatives locales ; les participants, dont le ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick, le ministre de la Justice Franz Gürtner, le ministre des Finances de Prusse Johannes Popitz, le gauleiter et ministre de l’Intérieur de Bavière Adolf Wagner, et Reinhard Heydrich, qui représente la Gestapo et le SD, s’accordent sur l’emploi de mesures légales à l’encontre des Juifs afin d’appliquer les dispositions antisémites du programme du parti, et reçoivent l’aval d’Adolf Hitler « . Lois de Nuremberg d’Adolphe Hitler et du régime Nazi en Allemagne.
Voilà en RD Congo l’assemblée nationale vient d’inscrire à son calendrier deux propositions de loi de Noël Tshiani introduite par le député Nsingi Pululu, la première sur la révision de la constitution et la deuxième sur la modification et pour compléter la loi 04/024 du 12 novembre 2004, relative à la nationalité congolaise.
Cette loi prive tout congolais qui n’est pas né de tous les deux parents qu’il n’est pas congolais d’origine, (Est Congolaise d’origine toute personne appartenant aux groupes ethniques dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance), de ses droits de postuler à la présidence, et autres postes, que Noël Tshiani considère stratégique, comme la primature, les ministères de la défense ou de l’intérieur, être général de l’armée, président de l’assemblée ou du sénat et tant d’autres.
Devons-nous parler d’un débat démocratique dans un parlement formé des députés en majorité non élus, mais désignés par l’ancien régime de Joseph Kabila, qui n’ont pas de vergogne à recevoir des véhicules et des sommes d’argent pour voter des lois en faveur du pouvoir ?
Le pays est déjà divisé en deux les pros qui crient à une victoire et le contre qui déclarent déjà la guerre pour que cette proposition ne puisse être votée comme loi. Des manifestations dans plusieurs villes du pays contre la proposition, dans les réseaux sociaux on assiste à au réveil des sentiments de sécession de quelques provinces, le tribalisme qui réapparaît depuis quelque temps, semble prendre le dessus à cause de cette proposition.
Comme pour l’Ivoirité, la Congolité cette proposition de loi de père et de mère de Noël Tshiani n’est qu’un outil politique pour écarter quelques candidats aux prochaines élection présidentielle de 2023 capables de faire échouer la « réélection » de Félix Tshisekedi. S’ils auront lieu bien sûr.
Contrairement à ce que prétendent beaucoup de ceux qui défendent cette loi, cette loi ne résoudra pas le problème de ces Congolais qu’eux considèrent n’ayant pas de loyauté dans la RD Congo de ne pas briguer à ses postes stratégiques cités ci-haut, comme les peuples rwandophones de l’Est de la République. Mais légalisera toute personne qui pourra démontrer la présence de ses arrières ancêtres ou parents êtres présent sur le sol congolais avant 1960, avec l’absence d’une administration crédible, la corruption qui règne en RD Congo ou avec un billet de 100 $US on obtient tout sorte de document possible, même le passeport ou un acte de naissance de 1959.
Un possible vote de l’assemblée Nationale de la RD Congo de cette proposition en loi, risque de diviser un pays aux fantasmes de divisions identitaires, n’est pas de l’eau au moulin des séparatistes qui n’attendent qu’une occasion pareille pour dépoussiérer leurs armes ? Quoi dire des risques de balkanisation qui guettent le pays de Lumumba ?
La seule solution des maux qu’avancent ceux qui soutiennent cette proposition de loi, est un renforcement et l’application d’une justice réelle en RD Congo, la mise place d’une bonne administration qui ne doit être corrompue.