Par Kiki Kienge
Reconstruction de l’Armée Congolaise (FARDC) et mise en place d’une justice traditionnelle, voila en bref les solutions proposées par Jean-Marc Chataigner pour une résolution durable et solide de la situation sécuritaire en Rd Congo.
En déplacement dans l’est de la RD Congo relatif à l’arrivée à Goma du premier du pont humanitaire aérien de l’Union Européenne à la population sinistrée de cette partie du pays, le représentant de Bruxelles à profiter pour lancer une alarme et surtout d’avancer ses propositions pour une solution finale de la situation sécuritaire qui se vit dans le pays de Lumumba.
Message de Chataigner :
J’ai accueilli vendredi 10 mars 2023 à Goma, avec le Gouverneur militaire du Nord-Kivu et mon collègue ambassadeur de France, le premier vol du pont humanitaire aérien européen annoncé par le commissaire européen en charge de la gestion des crises Janez Lenarčič et appuyé par la France.
L’opportunité pour moi de rencontrer pendant cette mission le Gouverneur militaire de la province, la communauté humanitaire, le Président et le Vice-président de la société civile du Nord-Kivu, de jeunes activistes, le Président de la communauté Tutsi à Goma, ainsi que de me rendre au camp de personnes déplacées de Bulengo (pas moins de 100000 déplacés installés sur un site totalement insalubre) pour y voir les actions très concrètes de nos partenaires UNICEF et Première Urgence Internationale; lancer enfin un projet durable d’adduction d’eau (avec UNICEF et Virunga National Park) pour 80 000 personnes résidentes et déplacées à Goma, où l’accès à l’eau est un combat de tous les jours.
Je voudrais ici lancer un cri d’alarme sur cette crise congolaise qui est aujourd’hui la première crise humanitaire africaine et sans doute avec la Turquie une des premières au niveau mondiale. Avec plus de 500 000 déplacés autour de Goma (la population de la ville est d’un million d’habitants), 2 300 000 déplacés au Nord Kivu (avec la poursuite des combats par le M23 et les exactions des ADF autour de Béni…), l’intensification parfois horrible des conflits inter-communautaires en Ituri et au Sud Kivu. Une personne sur 4 aujourd’hui dans l’Est de la RDC est une personne déplacée, voire plusieurs fois déplacée. Répondre à cette crise est un impératif humaniste.
Je sais bien, pour répondre par avance à certains commentaires, que ce soutien humanitaire ne résoudra pas tout, qu’il a besoin d’être complétée par une action diplomatique et sans doute militaire résolue des Pays de l’Eastern African Community EAC (mais aussi de l’Angola), et qu’il faudra sans doute enfin sur le long terme s’attaquer aux causes profondes de cette crise :
- la reconstruction de l’Etat congolais et de son armée (l’Union européenne appuie dans ce sens la restructuration et la modernisation des forces de sécurité Congolaise.
- la mise en place d’une justice transitionnelle pour juger des crimes de guerre et contre l’humanité commis et mettre en place des mécanismes de réconciliation ;
- une lutte intégrée au niveau national, régional et international contre le trafic des minerais qui constitue le butin de guerre des groupes armés, en premier lieu même si c’est compliqué les trafics d’or et Coltan qui approvisionnent les marchés moyen-oriental et asiatique ;
- la mise en place d’un programme de démobilisation, désarmement et réinsertion communautaire des anciens combattants (sans amnistie, ni réintégration d’aucun groupe armé dans les rangs des FARDC).
- la lutte contre les discours de haine et tous les appels à la ville ethnique d’où qu’ils viennent.
- l’examen et le traitement de la situation de tous les réfugiés.