Éditorial de Kiki Kienge
« Le fédéralisme est un système de décentralisation du pouvoir de Kinshasa, seul remède pour guérir le Congo de la puissance de la royauté présidentielle de Kinshasa »
Seul le changement du système de gestion que d’individus à la tête du pays, pourra sauver le pays d’un chaos et de la fin d’un Congo comme État et nation.
Maladroitement ou par syndrome du chat échaudé, les Congolais confondent le fédéralisme à la sécession ou au tribalisme. Bien au contraire, le fédéralisme atténue les ambitions de sécession, tous se sentiront responsables et gérants leurs territoires.
En réalité le tribalisme en RD Congo est une conséquence d’un complexe identitaire, de frustration et surtout de la manipulation politicienne que du fédéralisme ou décentralisation du pouvoir. Le fédéralisme renforce une compétition saine et productive entre les États fédérés (provinces) qui en RD Congo tous possèdent des grandes potentialités.
Le fédéralisme garantit une affectation et distribution judicieuse des ressources du pays et favorise surtout la solidarité entre les États fédérés. Car le système centraliste, qui suffoque et ignore les provinces, pousse ainsi au rêve de sécession des opprimés du pouvoir central de Kinshasa.
« Aujourd’hui le salut de la République Démocratique du Congo ne passe que par le changement du système central du pouvoir de Kinshasa pour un fédéralisme ou une décentralisation aiguë en faveur des provinces et des territoires »
Sous la colonisation le Congo a toujours été géré de Bruxelles en Belgique, des décisions prises par des gens qui ignoraient même la couleur véritable de la peau des autochtones Congolais ni de leurs mœurs.
Voilà que dès son indépendance, Kinshasa a pris le relais des colons de Bruxelles, imposant toutes les décisions même pour la construction des caniveaux d’un quartier à 3.000 Km de la capitale, dont l’autorité de Kinshasa ne saurait même situer sur la carte géographique du Congo, encore plus dire la langue parlée dans ce coin reculé.
Ce système d’un centralisme « démocratique » pour dire presque colonial, a poussé le pays vers un tribalisme qui a abouti dans des affrontements ethniques sanglants dans le pays ( par exemple dans le Kasaï, conflit ancestral entre Lulua et Baluba. Katanga entre les Luba et Lunda. À Kinshasa, dans le Bas-Congo et un peu partout), pour après faire naître des sécessions des provinces pour se libérer de la Jung politique du pouvoir centraliste de Kinshasa (Léopoldville) où régnait un chaos institutionnel incapable de contrôler un pays grand comme l’Europe Occidental.
La politique et même la gestion du pays étaient vues et pensées par les autochtones nouvellement indépendants que sur des bases ethniques ; Conakat, Abako, Balubakat, MNC-Kalonji, la FEDEKA Fédération des associations des ressortissants du Kasaï au Katanga, à Équateur le Liboke lya Bangala, la Fedequalac, La LUKA pour le Kwango du du peuple Yaka dirigée par Albert Délvaux, l’Unimo des Mongo de Justin Bomboko, l’Abazi des Bayanzi de Gaston Midu, l’Association Ngwaka, l’atcar des Tshokwe et autres tous avec des liens ethniques.
Les sécessions commencèrent par la plus emblématique du richissime Katanga poussée par Moïse Tshombe, suivie un mois après par celle du Sud-Kasaï avec le Mulopwe Albert Kalonji Ditunga Mulopwe, ensuite l’éphémère État indépendant du Kivu et tant d’autres étouffées dans l’œuf. Dans cette cacophonie tribale des Congolais, des pays étrangers se battent pour mettre la main sur les richesses du pays de Lumumba. Appuyant une ethnie que l’autre, finançant des milices coutumières pour diviser le pays et arriver à la sa balkanisation.
Voilà 60 ans après son indépendance la centralisation du système de gestion du Congo existe encore, mais aussi 60 ans après dans le pays commence à renaître ces mêmes fantasmes de complexes basés sur les origines ethniques et même des thèses de sécessions sont développés par des jeunes qui n’ont pas vécu le chaos post indépendance, chose qui doit plus préoccuper tout citoyen Congolais conscient.
« la RDC est un pays safe (…) Soyez-en rassurés que nous n’avons pas la guerre au Congo (…) C’est une situation à plus de 2.000 kilomètres des institutions (Kinshasa centralisation). »
C’est la déclaration d’une autorité nationale qui doit prendre des décisions sur toute l’étendue du pays. Cette déclaration dans un pays où se vit la plus grande instabilité sécuritaire au monde, ne démontre que les failles d’un système centralisé de gestion du Congo. Comme sous le colonialisme, Kinshasa en grande partie ignore les réalités des provinces, mais ironiquement doit décider de tout ce qu’il ignore.
De Kasavubu, Mobutu, Mzee Kabila, Joseph Kabila et maintenant Tshisekedi, le Congo de Lumumba n’a changé d’homme à la tête de son pays, mais jamais du système de gestion. Le centralisme demeure avec le non-développement du pays qui se traduit dans une régression sociale, politique et économique malgré ses nombreuses richesses, plus encore l’instabilité sécuritaire est la méfiance entre les ethnies.
La RD Congo souffre aujourd’hui de la centralisation du pour à Kinshasa qu’autre, tout roi président qui arrive au pouvoir ramène dans ses valises sa clique de fidèles, amis, familles, du maquis ou de la diaspora pour gérer le pays. Ces derniers restent cloués à Kinshasa savourant du champagne et achetant des villas à l’étranger, inconscients et insouciants de la réalité et des besoins de la population pauvre de l’intérieur du pays.
Les 5 chantiers, la révolution de la modernité, les 100 jours, Tshilejelu ou même les 145 territoires sont des programmes conçus, développés et même réalisés (pour dire, même si les réalisations ne se réalisent pas souvent dans ses programmes présidentiels), par des politiciens et proches de la royauté présidentielle à Kinshasa que par des administrateurs dans les territoires. Voilà le problème du Congo qui bloque tout développement du pays depuis plus de 60 ans, le centralisme…
Le fédéralisme est un système institutionnel politique, d’organisation de l’administration d’un État, les États fédérés partagent avec l’État central des compétences constitutionnelles tels ; législatives, juridictionnelles, armée et administratives. Le fédéralisme va plus sécuriser nos frontières par rapport au centralisme qui ne marche depuis plus de 60 ans.
Tant que dans le fédéralisme on aura une armée nationale, moins il aura des risques du séparatisme et sécessions.
Le Congo de Lumumba aujourd’hui traverse une période critique pour son unité, le tribalisme qui refait surface, les envies de sécession, le risque de la balkanisation du pays par ses voisins soutenus par des puissances mondiales.
Aujourd’hui le Congolais doit remettre en question le système de gestion de son pays depuis plus de 60 ans qui fait défaut, le Congo doit se refaire pour rester uni, car alors quoi de mieux que le fédéralisme ou un système de décentralisation aiguë ?
Chaque province de la République Démocratique du Congo a des potentialités, de la richesse qui n’envie pas les autres, mais des complexes identitaires et subi une manipulation politique par quelques politiciens qui veulent se faire de petits rois féodaux au détriment de la population qui reste pauvre dans le système de centralisation du pouvoir à Kinshasa.