Par Kiki Kienge
Une amie Rwando-Congolaise, m’avait dit un jour ; « si tu savais la relation entre un Rwandais et un Ougandais, tu ne vas pas croire dans les déclarations d’amour du fils de Museveni à Kagame (…) Il y a trop de griefs entre ces deux, Museveni et Kagame ne peuvent jamais s’entendre. »
Depuis quelques jours, le gouvernement congolais commence a assumer sa position sans complexe, qui accuse le régime de Paul Kagame et Kigali d’utiliser les rebelles du M23 comme cheval de Troie pour envahir la RDC :
« Il y a un groupe terroriste qui opère dans notre pays, qui sème la terreur et la désolation, qui a contraint des milliers de personnes à fuir leur domicile. Il y a un pays, qui utilise ce groupe terroriste pour violer notre intégrité territoriale et notre souveraineté. Nous n’aggravons rien, mais nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Nous en tirons les conséquences ». Christophe Lutundula, ministre des affaires étrangères congolais.
« Le Rwanda a violé l’intégrité du territoire congolais en soutenant le mouvement terroriste M23 ». Patrick Muyaya, porte parole du gouvernement congolais.
Voilà, malgré les multiples déclarations d’amour de Muhoozi, le général d’armée ougandaise, fils de Museveni et possible héritier du régime de son père à Paul Kagame, une déclaration du porte-parole adjoint du gouvernement rwandais Alain Mukuralinda, vient déranger l’idylle utopique entre Kigali et Kampala :
« On sait très bien que le M23 a été défait en 2013. Il y’a une partie qui est partie en Ouganda et ceux qui sont venus au Rwanda qui ont été désarmés et placés à plus de 200 km de la frontière congolaise . Aujourd’hui ceux qui ont repris les armes (vers la fin 2021), ils sont venus de l’Ouganda. Pourquoi on en parle pas ? Mais on est entrain de dire que ceux sont là sont soutenus par le Rwanda parce que aujourd’hui ils parlent Kinyarwanda ? Les rebelles qui ont repris les armes sont venus de l’Ouganda. Je l’affirme, il n’y a même pas à hésiter »
A mettre encore plus de l’huile sur le feu, ce rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC qui souligne clairement que le « Rwanda et l’Ouganda ont servi de base pour la réorganisation du M23. »
Selon Josaphat Musamba, chercheur à l’université de Gand en Belgique ;
« Il n’est pas uniquement question d’armes mais qu’il peut aussi s’agir d’instructions et de formation qu’auraient reçues les membres du M23 dans des camps. A partir de novembre 2021, le M23 a commencé à recruter dans le camp de Bihanga. En janvier 2022, les rebelles ont recrutés dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Kitshanga, en RDC, ainsi qu’au Rwanda, pour renforcer les troupes. »
Pour Jean Jacques Wondo, analyste militaire d’origine congolaise ;
« les dépenses qui sont liés à la défense ne sont pas comptabilisées. Et une autre raison consiste à dire qu’on essaye de passer ces produits ou matériels via les produits agricoles pour éviter le régime d’information du matériel militaire qui est acheté à la Monusco. Donc l’embargo sur les armes qui concerne la RDC, c’est un embargo qui touche uniquement les groupes armés, cela veut dire que seuls les groupes armés ne peuvent pas acheter des armes à l’extérieur du pays. Par contre en ce qui concerne les FARDC, l’armée congolaise peut disposer de toute sorte d’armement militaire dont elle a besoin à condition de pouvoir les notifier aux experts des Nations Unies dans le but d’empêcher que ces armes ne se retrouvent entre les mains des groupes rebelles. »