Par Kiki Kienge
Une des qualités du prince Albert, était la grandeur de son humanité, son altruisme et surtout sa considération et le respect envers la population indigène du Congo, chose qui s’opposait aux idéologies de son temps. Un prince héritier qui a voyagé à pied bravant toutes sortes de risques et n’hésitant à donner un coup de main aux porteurs indigènes fatigués.
Je me souviens comme hier, quelques fois pendant les vacances dans mon village Kienge, mon feu père m’amener visité ce lit et la chambre, où en 1909 Albert 1er alors Prince et fils du Roi Léopold II, héritier du trône du royaume de la Belgique avait passé 2 nuits du 21 au 22 mai 1909 lors de son passage à la mission Lukafu, secteur de Kafira dont le chef-lieu est le village Kienge dans le territoire de Kasenga.
Devant la chambre, il y avait toujours une personne pour la sécurité et le nettoyage journalier du lieu, un jour un ancien du village m’expliqua quelques détails du passage du prince Albert, quand il parlait du lit on lisait dans ses yeux de l’orgueil et la fierté d’une population qui avait fabriqué chef-d’œuvre d’art pour un repos royal de leur Prince Albert.
Voici quelques passages du journal intime du Prince lors de sont périple Congolais dans le secteur de Kafira, « Le voyage du prince Albert au Congo en 1909 », page 18/19 :
« Albert quitta l’Étoile le 16 mai. Une étape de 21 km le menait à la ferme d’un colon britannique, un certain Mac Donald, que le prince qualifie d ’«agent de Williams, de recruteur de travailleurs pour les mines». Les 21 et 22 mai, il passait deux jours à Lukafu, chef-lieu de la zone du Haut-Luapula, la première station importante qu’il rencontrait au Congo.
(…) À Lukafu, Albert rencontre pour la première fois un vrai «territorial», le chef de zone Léon G heur, «agent d’élite, actif, intelligent, bon pour les nègres». Celui-ci initie le prince aux multiples activités d’un administrateur territorial : recensement de la population noire, rôle des chefs et délimitation des chefferies, les cultures, la rentrée des prestations indigènes, le fonctionnement de la commission d’hygiène ; bref à tous les rouages administratifs d’une grande circonscription. Le prince découvre là quelques points sombres du régime Léopoldien : un impôt indigène élevé ( 18 francs), un portage excessif et un régime économique basé sur le principe du monopole d ’État et (ajoute-t-il), «… on pourrait même plutôt dire du monopole personnel de Léopold II». Il rend cependant justice à l’administration du C.S.K. : l’autorité évite la brutalité, les châtiments corporels aux non-militaires sont interdits, «des efforts louables» sont entrepris pour combattre la maladie du sommeil, Nous retrouvons ce souci de la personne humaine, du traitement équitable de la population indigène dans tout le journal de voyage. C ’est une constante dans la pensée de l’héritier du trône. »
Un dernier témoignage du Prince de son humanité et surtout de son regard anti système sur les indigènes qui alors étaient considérés comme des vieux enfants sauvages et même cannibales par le pouvoir colonial, mais en philanthrope le cœur du prince Albert lui parlait différemment. Les nègres étaient pour lui des humains ayant plus d’humanité que les blancs Belges ou Anglais :
« En traversant les monts Kundelungu, le Prince observe les indigènes dans leurs villages situés le long du chemin (notamment le prince s’arrêta dans le village Kienge où résidait le chef de poste de la police et fut surpris de l’organisation de la chefferie). Nous sommes surpris», écrit-il, «de l’attitude aimable des habitants, ils ne sont sauvages que de nom, tous se groupent sur notre passage». Entre Broken Hill et l’Étoile, le prince n ’avait rencontré que peu de villages, la région minière étant peu peuplée. »
La communauté de Kafira en particulier et celle du territoire de Kasenga en général, demande au Roi des Belges pour sa visite en RDC :
« Après 113 ans, même le gardien qui garde un tel souvenir pendant plus d’un siècle a droit à une récompense. Notre récompense serait la réfection du tronçon Minga-Lukafu.»
Un mémorandum sera publié par les notables de du secteur de Kafira, qui aujourd’hui à nombreuses personnalités au sein du pouvoir actuel ; S. E le Premier ministre Sama Lukonde Kyenge, le ministre Augustin Kibassa Maliba, l’honorable Ghislain Kienge et des personnalités qui se sont distingué en Occident comme la Princesse Cécile Kyenge et la députée Isabelle Kibassa.